La bientraitance : l'essayer, c'est l'adopter

La bientraitance qu’est-ce que c’est ? 

En décomposant le terme “bientraitance”, on comprend qu’il renvoie au fait de "bien traiter", de bien apporter un traitement. Comme l'explique le médecin Martin Winckler, le traitement n'est qu'une partie de la prise en charge : celle-ci comprend également le soin et le diagnostic. En effet, "on peut soigner sans avoir fait de diagnostic et sans disposer d'un traitement spécifique".

Et si l’on regarde la définition de la HAS, la bientraitance est une « démarche globale de prise en charge du patient [...] et d’accueil de l’entourage visant à promouvoir le respect de leurs droits et libertés, leur écoute et la prise en compte de leurs besoins, tout en prévenant la maltraitance ». 

 

Et si nous mettions tout cela en pratique ? Comment être un soignant "bien traitant"? 

Nous vous proposons ici quelques pistes, appliquées à l’obstétrique et à la gynécologie :
La bientraitance, c’est un questionnement permanent, une recherche continue de l’amélioration des pratiques, de manière à ce que la personne que l'on reçoit se sente mieux ou en tout cas pas "plus mal" à l'issue de la consultation. Il ne s’agit plus de la réalisation d’une série d’actes, mais réellement d’offrir des choix à la personne, de s’adapter aux besoins énoncés en prenant en compte la singularité de chacune. Nous avons distingué plusieurs "temps" de la consultation:

 

L'ENTRETIEN / INTERROGATOIRE :

Dans son livre "C'est mon corps", Martin Winckler, définit 5 principes:

  • Lorsqu'une personne dit souffrir, le ou la soignant.e la croit.
  • Avant de faire des propositions d'exploration diagnostique ou de traitement, le ou la soignant.e écoute soigneusement l'histoire du ou de la patient.e.
  • Un.e bon.ne soignant.e mesure la qualité de ses soins et leur efficacité à ce qu'en dit la personne soignée.
  • Un.e soignant.e n'exerce jamais de pression sur la personne soignée.
  • Un.e soignant.e aide la personne soignée à définir ce que sont ses besoins, l'accompagne et la soutient, quelle que soit sa décision.

L'interrogatoire  comprend la question des violences et des douleurs sexuelles et plus encore: « Y a-t-il quelque chose qu’il est bon que je sache ? dont vous voulez me parler ? un sujet auquel je n’aurai pas pensé ? ». 

On ne le répétera jamais assez et d'ailleurs c'est un peu le fondement de Périnée Bien-Aimé: “les douleurs pendant les rapports, c'est pas dans la tête.”

 

L'EXAMEN :

Le consentement tacite n'a plus sa place lors d'un examen gynécologique: il convient de toujours demander à la personne si on peut l'examiner. 

Comme l'exprime Baptiste Beaulieu: "au pire je récolte un "Ben oui Docteur je suis venue pour ça !" mais au mieux, je montre à la patiente que ce n'est pas parce qu'elle est dans mon cabinet médical que (...) son corps et le respect de son consentement ne lui appartiennent plus. "

Une personne a le droit de refuser un examen clinique en partie ou en totalité. Dans ce cas et si l'examen est indispensable, il y a toujours la possibilité de prendre un autre rendez-vous  lorsque la personne se sentira prête.

 

LE SPECULUM :

#1 À UTILISER UNIQUEMENT EN CAS DE NÉCESSITÉ

Ex. frottis, pertes vaginales anormales, métrorragies…
Il n'est pas indispensable pour faire un prélèvement vaginal ou lors de la visite annuelle.
On privilégie l'auto-prélèvement vaginal, réalisé par la patiente elle-même.

#2 À ADAPTER À LA TAILLE DU VAGIN

Il existe plusieurs tailles avec différentes longueurs et largeurs pour s’adapter à l’anatomie de chacune. On utilise de préférence un spéculum en plastique car ceux en inox peuvent être ressentis comme froids et donc désagréables. 

#3 À UTILISER AVEC UN LUBRIFIANT HYDROSOLUBLE

Utiliser un lubrifiant hydrosoluble ne modifie en rien les résultats d'un frottis. Des études randomisées l'ont prouvé, alors il n'y a plus de raison de s'en passer!  ➡️ plus d'infos, ici !

#4 À INSÉRER PAR LA FEMME ELLE-MÊME SI ELLE LE SOUHAITE

Lui proposer en systématique ne prend pas plus de temps. Si la femme ne le souhaite pas, ne pas insister. Il est normal que la patiente hésite car elle pense qu'elle ne va pas savoir le faire, on peut la rassurer : c'est très simple. Beaucoup de femmes ont déjà mis un tampon et peuvent mettre le spéculum facilement. Ensuite le professionnel l'ouvre délicatement et ajuste l'angle pour voir le col. En cas de col très postérieur, la femme peut même aider  en exerçant une légère pression au dessus.

POUR LES FEMMES QUI APPRÉHENDENT LA MISE EN PLACE DU SPÉCULUM, LE FAIT D'ÊTRE ACTRICES DES SOINS LEUR PERMET DE MIEUX VIVRE L'EXAMEN.

DE PLUS, ELLES VONT AINSI À LEUR RYTHME ET SONT PLUS CONFORTABLES. ALORS, OSONS PROPOSER ! 

 

LA POSITION LORS DE L'EXAMEN :

En France aujourd'hui, la position gynécologique est très systématisée mais d'autres positions sont possibles: la grenouille, sur le côté avec la jambe du dessus repliée... À vous de tester ! 

 

LE RESPECT DE LA PUDEUR :

Aucun examen clinique ne nécessite d'être entièrement nue ! 

L'examen gynécologique se fait en 2 temps : on propose de rhabiller le haut du corps avant d'examiner le bas du corps et inversement. 

Petit conseil en plus: Couvrir le pubis avec son écharpe, sa veste ou son paréo pendant l'examen "du bas", c'est possible 

Ou encore mieux: Investir dans une culotte gynécologique ! Oui, une culotte que l’on n’enlève pas mais qui permet tout de même l’examen ! Vous pouvez d’ailleurs soutenir le projet ici

 

En conclusion:

"Nous devons appliquer ces règles simples et évidentes qui touchent l'intimité des patient.e.s, et les enseigner aux plus jeunes, de façon à ce que cela devienne un automatisme naturel. Ces gestes simples sont de la bientraitance." Jacky Nizard, gynécologue-obtétricien