Depuis la création en 1970 de l’International Society for the Study of Vulvar Disease (ISSVD), de nombreuses terminologies et classifications ont été utilisées pour décrire la vulvodynie. En 1976, la douleur vulvaire est décrite comme une entité unique et les membres de l’ISSVD parlent du syndrome de la « vulve brûlante ». D’autres termes ont ensuite été utilisés comme “vulvodynie diesthésique” ou “essentielle”, “vestibulite vulvaire”, …).
La classification actuelle de l’ISSVD (2015) différencie :
- les douleurs vulvaires liées à une cause spécifique :
- infectieuse (candidoses répétées, herpès … )
- inflammatoire (lichen scléreux, lichen plan, pathologies bulleuses auto-immunes… )
- maladie néoplasique (maladie de Paget vulvaire, carcinome épidermoïde… )
- neurologique (névralgie post-herpétique, névralgie du nerf pudendal … )
- traumatique (obstétrical, mutilations sexuelles féminines...)
- iatrogène (post-opératoire, chimiothérapie, radiation...)
- modification hormonale (ménopause, post-partum...)
- les douleurs vulvaires sans cause évidente, les VULVODYNIES.
La vulvodynie est définie comme étant une “douleur vulvaire d’une durée de plus de 3 mois sans cause identifiable, qui peut être associée à différents facteurs, chez une femme de tout âge”.
Elle est décrite selon différentes caractéristiques:
- la localisation de la douleur = locale, généralisée ou mixte ;
- les facteurs déclenchant = la douleur est provoquée (lors de circonstances variées : relations sexuelles, insertion d’un tampon, intolérance au contact ...), spontanée (constante et continue) ou mixte ;
- l'apparition de la douleur = primaire (la maladie est présente depuis le début des contacts vulvaires) ou secondaire ( l’apparition de la douleur survient après une période indolore) ;
- la durée de la douleur = intermittente, constante, immédiate, retardée.
Ces facteurs varient selon les femmes.
La douleur associée à la vulvodynie est typiquement décrite comme une douleur qui brûle ou qui pique, associée à des sensations de coupure, d’écorchure ou de tiraillements.
La forme la plus courante est la vestibulodynie provoquée. Elle représente plus de 70% des douleurs vulvaires. Elle est caractérisée par :
- des douleurs localisées au niveau de la partie inférieure du vestibule vulvaire, une zone située entre 3 et 9h de l’ouverture vaginale ;
- ces douleurs sont essentiellement déclenchées par le contact (examen, tampon, relation sexuelle, etc)
- l’examen clinique de la vulve est normal ou peut montrer un érythème de la région vulvaire, le plus souvent à l ‘orifice des glandes de Bartholin.
La vestibulodynie provoquée s’associe souvent avec une dysfonction périnéale : on note une hypertonie du périnée et une diminution des capacités de relaxation musculaire.
Le diagnostic de vulvodynie se fait grâce à:
- l’interrogatoire à la recherche de facteurs déclenchants ;
- l’examen clinique : la peau de la vulve maintient souvent une apparence normale et l'examen clinique montre l'absence d'anomalie décelable ;
- le “test du coton-tige” ou “Q-tip test”. On réalise ce test de préférence après avoir écarté toute hypothèse d’infection , mycose, dermatose, etc. Le test consiste à poser un coton-tige au niveau de l’abouchement des glandes de Bartholin. Si la douleur est immédiate à la pression du coton-tige, le test est positif. Cette douleur peut être plus importante d’un côté que de l’autre.
Sauf circonstances particulières, le toucher vaginal ou l’examen à l’aide d’un spéculum ne sont pas nécessaires.
Haefner HK. Critique of new gynecologic surgical procedures; surgery for vulvar vestibulitis. Clin Obstet Gynaecol. 2000;43:689700.
La cause exacte des vulvodynies est encore mal connue. Les spécialistes s’accordent cependant sur un phénomène d’hyperalgésie, c’est-à-dire une amplification anormale de la douleur, due à une augmentation de la sensibilité centrale et périphérique. La zone du vestibule vulvaire, souvent touchée, est particulièrement riche en terminaisons nerveuses en comparaison avec les autres parties du périnée ou du vagin.
On observe ainsi des douleurs chroniques dans des zones ne comportant pas de lésions.
Les facteurs favorisant cette hyperalgésie locale sont nombreux : infections vulvaires répétées, traumatismes de l’accouchement, modifications hormonales de la ménopause… De plus, des troubles affectifs, relationnels ou traumatiques peuvent conduire à des modifications des seuils de sensibilisation centrale.
Le traitement de la vulvodynie prendra en compte les différentes caractéristiques et répercussion de cette douleur vulvaire persistante.
- Traiter l’hyperalgésie locale vulvaire
Aide au diagnostic et à la prise en charge des vulvodynies en soins premiers. Dr Julie Bertin
- Rééducation périnéale, compte tenu de la dysfonction musculaire fréquemment associée à la vulvodynie. Rééducation externe puis manuelle endo-cavitaire par un kinésithérapeute ou une sage-femme formés.
- Thérapeutiques cognitivo-comportementales : psychothérapie cognitive, thérapies psychosexuelles et en cas de traumatisme, thérapies centrales type EMDR ou hypnose.
Pour en savoir plus :
- Vulvodynies et douleurs pelvipérinéales - Urofrance
- Dyspareunies d'intromission : les vulvodynies - Sage-femme Pratique
- Gynécologie : la vestibulodynie, une pathologie féminine méconnue (reportage France 3)