Mycoses et vaginoses

Les mycoses

 

Définition 

C’est une infection des organes génitaux par un champignon. Elle est extrêmement fréquente et banale, notamment chez la femme.

Le champignon en cause est pratiquement toujours le Candida Albicans. On parle dans ce cas de candidose.

 

L’infection survient le plus souvent de façon endogène (= d’une cause interne), liée au développement de candida déjà présents dans le vagin ou sur la peau. Elle peut également survenir de façon exogène (= d’une cause externe), par exemple dans le cadre d’une contamination par voie sexuelle, ou bien en allant à la piscine ou au bord de la plage… Il est donc possible de développer une mycose même si l'on a jamais eu de rapports sexuels.

 

L’infection mycosique génitale peut être épisodique ou récurrente. Une infection est dite récurrente à partir de quatre crises prouvées par an.

 

Symptômes

Chez l’homme, la candidose se manifeste par une inflammation avec démangeaisons du gland et du prépuce. Dans les cas extrêmes, ces lésions peuvent évoluer vers un phimosis avec écoulement purulent. Mais la plupart du temps, l’infection est inapparente chez l’homme.

 

Chez la femme, il s’agit d’une infection de la vulve et du vagin (vulvo-vaginite) avec pertes blanches assez épaisses et inodores, et démangeaisons s’accompagnant de brûlures locales et de douleurs pendant les rapports sexuels. Ces symptômes sont exacerbés dans les jours qui précèdent les règles. Les pertes blanches ont l’aspect typique dit du « lait caillé ».

 

Les signes de mycoses vulvo-vaginales sont extrêmement typiques et associent :                                                                                                  

-       - Démangeaisons permanentes de la vulve et de l'entrée du vagin et brulures vulvaire. 

        - Pertes blanches épaisses et crémeuses, grumeleuses à type de lait caillé, inodores. 

        - Brûlures vaginales pendant les mictions. 

        - Rapports sexuels de plus en plus douloureux.

        - Vulve rouge vif et gonflée.

 

Facteurs de risque

Le vagin comporte, à l’état normal et pour son équilibre, des germes regroupés sous le terme de « flore de Döderlein ». Cette flore se compose de plusieurs germes, principalement le lactobacillus. La cohabitation bactérienne maintient un milieu acide du vagin (le Ph se situe entre 4 et 5) qui permet la lutte contre l’infection. Le déséquilibre de ce système transforme le milieu hostile en milieu accueillant permettant aux différents organismes ou germes de se développer et de provoquer des infections de manière épisodique ou régulière.

Plusieurs éléments favorisent l'apparition et la récidive des mycoses vulvaires et vaginales :

 

- Modifications Hormonales :

La grossesse, du fait de l'augmentation de la sécrétion d'oestrogène chez la mère,  augmente naturellement l'acidité vaginale et favorise par conséquent les infections mycosiques.

La Ménopause implique quant à elle un déséquilibre de la flore vaginale du fait de l'atrophie de la muqueuse. Ce déséquilibre favorise le développement des champignons au dépend de la flore de Doderlein.

 

- Pathologies Générales :

Le diabète est une des premières causes d'apparition et de récidive de mycoses vulvo-vaginale.

L'immunodépression, secondaire à une pathologie infectieuse comme le VIH ou une à une simple fatigue passagère, favorise également le développement des champignons.

De même, l'hyperthyroïdie favorise également la récidive des mycoses du fait de l'hyperglycémie qu'elle induit.

    Le stress.

 

Causes

La mycose vulvo-vaginale est provoquée par des levures type candida : albicans (dans près de 95 %), glabrata, tropicalis, torulopsis, krusei, stellatoides, etc. Le Candida est naturellement et physiologiquement présent dans l’intestin, et donc dans les voies génitales (vulve et vagin) par contact (toilette, caresse sexuelle). Il s’agit donc d’une infection par ses propres germes, déjà présents dans le corps. D’où l’intérêt des traitements par voie orale !

 

Le passage de la forme inoffensive (levures naturellement présente dans le vagin) à la forme agressive (mycoses) avec apparition de signes anormaux dépend en partie de la qualité des défenses naturelles de la personne touchée.

 

Dans 60 % des cas, l’origine de la mycose est interne, le problème vient de la femme elle-même et d’un déséquilibre de sa flore vaginale ; dans un tiers des cas, la contamination provient de l’extérieur, par contact sexuel ou par contact avec un objet infesté.

 

Diagnostic

Le diagnostic est souvent fait dès l’interrogatoire médical. L’examen standard (inspection de la vulve, examen du col et du vagin avec spéculum) permet au spécialiste de constater la présence de signes pathognomoniques.

Les analyses et examens complémentaires, effectués suite à un prélèvement, ne sont pas indispensables au diagnostic, mais permettent de confirmer celui-ci. Il est préférable d’y avoir recours si l’aspect est inhabituel, si les symptômes sont discrets, s’il y a un doute avec un autre diagnostic ou si l’infection résiste à plusieurs traitements bien conduits ou si les infections sont récurrentes.

On réalise alors un prélèvement vaginal standard.

 

Diagnostics différentiels

Les manifestations citées (douleurs, brûlures...) peuvent également être provoquées par :

- une allergie ou un herpès génital

- Sécheresse vulvaire

 

Traitement

Le traitement est la plupart du temps local : ovules, comprimés vaginaux, crèmes ou gels sont efficaces et ont relativement peu d’effets secondaires. Le traitement du partenaire n’est pas systématique s’il/elle ne présente pas de symptômes. Il sera cependant utile en cas de récidives fréquentes.

Peuvent donc être prescrits :

  • Des ovules vaginaux pendant 1 à 3 jours, à renouveler parfois au bout de quelques jours ;
  • Des crèmes ou laits antifongiques à appliquer généreusement sur la vulve ou sur le gland pendant 10 jours ;
  • Un savon gynécologique spécial (basique) afin de calmer les irritations ;
  • Un traitement par comprimés en cas de récidives fréquentes. (En effet, un foyer de candida présent au niveau digestif peut être la cause d’infections gynécologiques à répétition. L’éradication du champignon permet d’enrayer le phénomène.) ;
  • Un traitement préventif en cas de prise d’antibiotiques chez les femmes présentant des candidoses fréquentes. (En effet, lors d’un traitement antibiotique, un déséquilibre de la flore vaginale peut survenir, favorisant ainsi le développement de candidoses.).

 

Traitement de la mycose à répétition : Fluconazole 150 mg voie orale 1cp par jour pendant 6 semaines, 6 mois, 1 an.

 

Prévention

Mesures préventives d’hygiène :

Le respect de quelques mesures d’hygiène favorise la guérison et permet d’éviter les récidives.

Habillement :

  • Changer quotidiennement de sous-vêtements.
  • Utiliser des sous-vêtements en coton.
  • Éviter les vêtements collants, moulants, étriqués, car ils favorisent la macération et augmentent ainsi l’acidité locale.

 

Toilette intime :

  • Eviter les savons dits de « toilette intime » vendus dans le commerce, dont le pH acide favorise le développement des candidoses ; utilisez plutôt un savon sans parfum à pH neutre (Dermactive® gel intime, Hydralin apaisa®, Saforelle®, Fémina®, Saugella rose®). Mais un véritable savon de Marseille, sans parfum, est idéal. Il est également possible de rajouter des huiles essentielles de tea tree ou de lavande dans son savon, ou de l’extrait de pépins de pamplemousse dans l’eau de rinçage.
  • Ne pas effectuer plus d’une toilette intime par jour.
  • Bien se sécher la vulve après la toilette.
  • Changer de gant à chaque toilette.
  • Ne jamais introduire d’eau ni de savon directement dans le vagin.
  • S’essuyer d’avant en arrière pour éviter de ramener des germes de l’anus au vagin.

 

Conseils pratiques :

  • Éviter ce qui peut provoquer des irritations locales.
  • Éviter les rapports sexuels sans préservatif pendant le traitement.
  • Éviter l’exposition fréquente à l’eau de piscine ou de mer.
  • Éviter les tampons qui peuvent irriter la paroi vaginale par le contact prolongé et qui empêchent l’écoulement naturel du flux menstruel, ce qui favorise la macération ;
  • Le port de serviettes hygiéniques changées fréquemment est préférable.
  • Éviter le port quotidien de protège-slips.
  • Éviter les régimes trop sucrés.

 

 

Vrai ou Faux : Les idées reçues sur la mycose

De nombreuses idées reçues existent au sujet des mycoses génitales. Voici une série de questions fréquemment retrouvées dans les forums consacrés à ce thème.

 

 Je suis vierge, je ne peux donc pas avoir de mycose ? Faux

Le champignon (candida albicans) est présent à l'état normal dans la cavité buccale et le tube digestif de toutes les femmes, vierges ou non. Il n'est donc pas impossible de le voir se développer au niveau vulvaire et même vaginal chez une patiente vierge (par exemple à la suite d'une prise d'antibiotique qui déstabiliserait la flore vaginale normale et favoriserait le développement de champignons).

Si le traitement par ovule est souvent impossible chez ces patientes, un traitement par voie orale conjugué à l'application d'une crème sur la peau permet d'obtenir des guérisons durables.

 

• Je peux attraper une mycose génitale dans les toilettes publiques ? Faux

La mycose est due au développement excessif d'un champignon présent à l'état normal dans certaine région de notre corps (cavité buccale, tube digestif) et en quantité très faible au niveau des voies génitales féminines.

En fait la mycose ne "s'attrape pas" pas puisque l'on est déjà porteur du champignon. Il ne s'agit pas non plus d'une MST (Maladie Sexuellement Transmissible) en tant que telle, même si dans de très rares cas le partenaire peut s'infecter après un rapport sexuel.

 

• La piscine favorise l'apparition des mycoses ? Vrai

Le chlore a tendance a détruire la flore de Doderlein se qui favorise la proliférations des champignons comme le Candida Albicans, responsable des mycoses génitales.

 

• La prise d'antibiotique peut favoriser les mycoses ? Vrai

La flore de Doderlein est indispensable au juste équilibre vaginal. Cette flore est constituée de différents types de bactéries qui sont sensibles à la majorité des antibiotiques utilisés.

Ainsi l'utilisation d'antibiotiques diminue la population normale de bactéries de la flore de Doderlein et favorise le développement des champignons qui prennent tout simplement la place laissée vide par les bactéries.

En effet les champignons ne sont absolument pas sensibles aux antibiotiques (les champignons sont sensibles aux antifongiques).

La prise d'antibiotique (par la bouche ou voie intraveineuse) favorise donc l'apparition de mycoses génitales.

 

 Le stress favorise l'apparition des mycoses ? Vrai

Le stress comme la fatigue sont associés à une baisse de l'immunité et peuvent dans certaines circonstances (légère humidité locale par exemple) nettement favoriser l'apparition d'une mycose vaginale.

 

• Les mycoses à répétition peuvent me rendre stérile ? Faux

Les mycoses génitales sont des infections gênantes mais sans gravité, ni risque de séquelles.

Il n'existe aucun lien entre mycose génitale et stérilité.

 

• Je peux mettre des tampons si j'ai une mycose et mes règles en même temps ? Vrai

En cas d'infections génitales, on pourra utiliser des tampons avec des pro biotiques.

 

 

Vaginose

On estime la prévalence de la vaginose bactérienne à environ 10%. Cette prévalence peut aller jusqu’à 30% chez les femmes enceintes.

La vaginose bactérienne est causée par la prolifération de micro-organismes tels Gardnerella vaginalis ou Prevotella. Cette prolifération se fait au détriment des lactobacilles, qui ont pour rôle de maintenir l’acidité du vagin. Cela provoque une augmentation du pH (supérieur à 5 alors qu’il est normalement de 4,5)

 

Cette pathologie se manifeste le plus souvent par des écoulements vaginaux abondants, fluides, gris/verdâtres et malodorants (odeur très particulière de « poisson avarié »). La mauvaise odeur des pertes est due à la production par les germes anaérobies (dont Gardnerella vaginalis) d’amines aromatiques (dont la cadavérine et putrescine) d’autant plus volatils que le pH augmente, ce qui explique l’aggravation de la mal odeur au moment des rapports sexuels après éjaculation ou au moment des menstruations (= événements associés à une augmentation du pH). Bien que la vaginose bactérienne soit la première cause d’écoulement vaginal anormal, cette pathologie est asymptomatique chez 50% des femmes.
La vaginose bactérienne s’avère dangereuse chez la femme enceinte puisqu’elle est associée à un risque accru d’accouchements prématurés, de petits poids de naissance et d’avortements spontanés.

 

Le diagnostic 

Il est généralement clinique.

- pH vaginal > 4,5

- sécrétions vaginales grisâtres, homogènes et adhérentes à la paroi vaginale

- odeur vaginale caractéristique de « poisson avarié » après mise en contact des pertes vaginales avec quelques gouttes de potasse 10% (« sniff test »)

Un examen bactériologique peut venir confirmer le diagnostic.

 

Diagnostic différentiel 

Mycose, herpès génital récidivant, dermatose vulvaire (eczéma, réactions irritatives à un produit caustique, lichen scléreux, psoriasis)

 

Le traitement 

Il correspond à l’administration d’un antibiotique de la famille des nitro-imidazolés; métronidazole, secnidazole ou tinidazole.

Éviter les toilettes intimes trop agressives et trop fréquentes, utiliser de préférence un savon de pH adapté, bannir les douches vaginales.

Penser à réensemencer la flore vaginale avec des probiotiques