Le psoriasis génital féminin

Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau. L’inflammation crée un emballement de la prolifération des cellules de l’épiderme (les kératinocytes) qui se renouvellent en 7 jours au lieu de 21.

Le psoriasis est fréquent et touche entre 2 et 3% de la population. Les formes les plus courantes se caractérisent par une ou plusieurs plaques rouges bien délimitées situées au niveau des coudes , des genoux ou du cuir chevelu, et recouvertes de squames.

L’atteinte génitale est fréquente et présente chez plus d’un tiers des femmes présentant un psoriasis cutané. Comme le psoriasis de la peau, le psoriasis génital n’est pas contagieux.

Le psoriasis génital peut avoir un retentissement sur la qualité de vie et en particulier sur la vie sexuelle.

Symptômes

Le psoriasis génital entraîne très souvent des démangeaisons (ou prurit), des brûlures, ou des douleurs. Ainsi, 80% des femmes présentent au moins une de ces 3 manifestations. Des petites plaies (fissures ou érosions) sont possibles et peuvent rendre les rapports sexuels douloureux.

Sur les organes génitaux, les lésions de psoriasis sont des plaques rouges aux limites nettes. Les squames blanches habituellement retrouvées sur les plaques du corps sont souvent absentes du fait de l’humidité locale de la peau.

Ces plaques rouges intéressent le plus souvent les zones pileuses : le pubis et les grandes lèvres.

L’atteinte des plis de l’aine et/ou inter-fessier est très fréquente : on parle dans ce cas de psoriasis ano-génital.

Le psoriasis peut enfin se localiser aux lèvres internes : toujours sous la forme d’une plaque rouge, bien limitée. La muqueuse vaginale elle-même n’est pas atteinte par le psoriasis. Le diagnostic de cette forme est parfois plus délicat, nécessitant de réaliser des examens complémentaires, tel qu’un prélèvement mycologique ou une biopsie vulvaire.

Causes

Les éléments déclencheurs du psoriasis ne sont pas connus à ce jour. On sait qu’il apparaît chez des personnes prédisposées génétiquement, suite à des facteurs favorisants comme un traumatisme, des infections, le stress, des médicaments, etc.

Ainsi, le phénomène de Koebner correspond à une aggravation ou un entretien du psoriasis par un frottement ou une irritation. Dans le psoriasis génital, ce phénomène correspond à une aggravation des lésions essentiellement par le grattage, parfois par le contact avec l’urine, les produits de toilette non adaptés ou le port de vêtements serrés.

De plus, la finesse de la peau génitale augmente le risque d’irritation par les savons, les crèmes et le risque d’effets secondaires des traitements locaux. Il est donc conseillé de choisir des traitements adaptés au psoriasis génital.

Diagnostic

Le diagnostic de psoriasis génital est clinique, c’est-à-dire qu’il se fait par l’examen visuel des lésions. Il est facilité par l’existence d’antécédents familiaux de psoriasis ou d’une atteinte extra-génitale c’est-à-dire du psoriasis localisé sur la peau en dehors des organes génitaux, sur le cuir chevelu ou sur les ongles ou s’il provoque des douleurs articulaires (rhumatisme psoriasique).

Lorsque les lésions ne sont pas typiques, il peut être nécessaire de réaliser une biopsie cutanée des lésions génitales, afin d’analyser la peau au microscope. Cet examen, réalisé sous anesthésie locale, permettra de réaliser un diagnostic fiable de psoriasis, et d’éliminer d’autres maladies dermatologiques responsables de lésions génitales.

Diagnostics différentiels

On peut confondre le psoriasis génital avec d’autres maladies des organes génitaux comme par exemple une mycose, une simple irritation liée au grattage ou plus rarement de l’eczéma.

Traitement

La prise en charge du psoriasis génital repose d’abord sur des traitements locaux, surtout des crèmes car elles sont adaptées aux plis et aux muqueuses, plus rarement des lotions non alcooliques ou des pommades. Les lotions ou les gels alcooliques sont à bannir car ils sont irritants pour la peau et surtout les muqueuses.

Le principal traitement local est l’utilisation de corticoïdes locaux (ou dermocorticoïdes) qui vont servir à diminuer l’inflammation. Le plus souvent, on débute par un dermocorticoïde modéré à fort appliqué tous les jours, suivi d’un traitement d’entretien avec des applications moins fréquentes. Ce traitement convient lorsque la surface à traiter est d’étendue limitée.

Les traitements à base de vitamine D sont prescrits pour traiter les plaques car ils agissent sur la multiplication et la maturation des kératinocytes. Ils sont utilisés soit en première intention en association avec les dermocorticoïdes, soit en cas d’échec de ces derniers. Ils sont proposés sur les zones pileuses mais sont parfois irritants pour les muqueuses.

Les traitements dits "généraux" ou “systémiques” sont efficaces sur les lésions génitales lorsqu’ils sont administrés à des patient.es présentant par ailleurs un psoriasis. Ils sont pris par voie orale (acitrétine, ciclosporine, méthotrexate, apremilast) ou par voie injectable (methotrexate, biothérapies).

La photothérapie (traitement par les ultra-violets, en cabine, sous contrôle médical) est contre-indiquée pour les lésions génitales car elle pourrait favoriser le développement ultérieur de lésions génitales pré-cancéreuses ou cancéreuses. Ce risque justifie du reste le port de sous-vêtements lors des séances de photothérapie.

En cas d’aggravation ou de mauvaise réponse au traitement habituellement efficace : il faut rechercher et traiter une surinfection éventuelle des lésions de psoriasis par des bactéries ou des champignons (mycose), ce qui est rare.

Il est aussi préférable d’éviter tout ce qui est irritant :

  • Éviter les produits de toilette détergents et préférer des syndets ou les huiles de douche ne contenant pas de savon
  • Éviter les sous-vêtements synthétiques qui retiennent la transpiration et choisir le coton
  • Éviter le séchage trop agressif et tamponner avec la serviette au lieu de frotter vigoureusement.

Quel impact sur la qualité de vie et la sexualité ?

La peau est un organe essentiel de la vie affective, sociale et sexuelle. Elle tient une place capitale dans la construction de l’image de soi et dans l’estime de soi. Les maladies de peau chroniques comme le psoriasis ont donc un impact sur la qualité de vie et sur la sexualité. Elles participent à une baisse de l’activité sexuelle et peuvent être responsables d’une détresse psychologique. Cela est d’autant plus marqué pour certaines localisations comme le visage ou les organes génitaux.  

Les patients ne déclarant pas toujours spontanément une atteinte génitale, par méconnaissance ou par pudeur, il est donc important que le professionnel de santé, tout en faisant preuve de tact et en respectant la pudeur de son patient, s’enquiert de l’existence d’une atteinte génitale et de son retentissement sur la sexualité.

 

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